Famille en détresse
Famille en détresse
Sale semaine pour les Peyronel. Dans la famille il y a :
le père. Plutôt brave type, qui malgré les beuglements assenés à longueur de semaine sur les pÔovres troupes du SMAC reste un garçon attentionné. Un type qui pousse la gentillesse à laisser intact le moral de la patrouille de France la laissant filer loin devant tous les samedis matins.
Il y a la mère éminente membres des « pintades », qui occupe largement sa place dans le tintamarre assuré chaque entrainement par ce sympathique groupe de copines qui seront sans aucun doute championnes du monde le jour où sonomètre se substituera à chronomètre et que l’unité de mesure de performance sera non plus la seconde mais le décibel.
Il y a le fils, bon gars lui aussi, qui n’a que pour malheur dans sa paisible adolescence d’avoir un père entraineur de course à pied, ce qui l’oblige au lieu de buller comme tous les bons gamins de son âge entre niaiseries télévisuelles, consoles de jeux et lobotomies des réseaux sociaux à venir battre le bitume.
Il y a la fille, qui comme son frère semble aussi nager dans l’insouciance de son âge et qui comme lui doit lâcher ses écrans pour venir partager la passion familiale
Enfin, il y a le chien, qui depuis son plus jeune âge, est habitué à partager avec son maître au moins trois sorties hebdomadaires. La seule différence étant qu’il est le seul membre de la famille à montrer plus de motivation que les 4 autres réunis.
Dure semaine, les filles sont « out » l’une pour un genou encore frêle qui l’a obligé à 15 jours de repos, l’autre pour une blessure qui tendant à durer commence à jouer sur le moral de la pintade et lui coupe les ailes à défaut de lui couper le sifflet. Le chien lui boite bas, les 4 ou 5 marathons dominicaux enchainés cet hiver l’ont un peu entamé.
Pour le fils, ce mardi tourne rapidement au cauchemar. La patrouille de France (MOnsieur Pitau et MOnsieur Rossi) a été invitée pour donner l’allure pour une séance de 2 x (6 x 250 m), 45 secondes de repos entre des 250 tournés entre 43 et 45 secondes. Le programme est ambitieux, la séance s’annonce compliquée. Dès l’échauffement la patrouille montre qu’elle n’est pas de sortie pour rigoler, ça monte les genoux, ça accélère, on prend manifestement les choses au sérieux. La jeunesse insouciante fait semblant de ne pas prêter cas et répond par quelques foulées bondissantes dans les éducatifs pour montrer qu’il va falloir quand même compter sur lui
Malheureusement, pour la jeunesse, le rythme imposé est encore un peu haut. Avec dépit, il finit par se garer, ayant entre temps connu un début de blessure entre la hanche mais aussi et surtout le cerveau. Le moral en a pris un coup l’obligeant à laisser files les 2 avions toute la deuxième série (et déjà sur la fin de la première). Comme sur les derniers samedsi, il sort les rames et finit vaillamment touché mais pas coulé tant il sait que son heure viendra.
Reste le père, votre serviteur,, prudent je suis resté au bord de la piste ce mardi évitant de se faire rouler dessus, par tout ce petit monde. Je croyais vivre une semaine sportive sans encombre, la perspective du marathon de Marseille me mettant au repos.
Pourtant je n’échappe pas moi aussi à mon grand moment de solitude.
Je suis dans la file d’attente pour retirer mon dossard, il y a à mon grand étonnement beaucoup de monde. J’ai bien sûr oublié ma convocation, on me donne après contrôle de ma licence un ticket avec mon numéro de dossard « 208 ». Je m’approche gentiment des dames qui s’affairent derrière les tables côté « Retrait Marathon ». Un petit peu d’attente, c’est mon tour, je tends mon joli ticket, et la dame me regarde en me dit gentiment : « Monsieur le 10 km c’est là-bas ». Je lui réponds non moins gentiment. « Je suis bien sur le Marathon, Madame ». Deux de ces collègues s’approchent avec manifestement une dame plus aguerrie. Celle-ci me confirme qu’il n’y a pas de n°208 sur le Marathon.
Rapide coup d’œil, derrière mes trois nouvelles copines. Là sont alignés des cartons avec des numéros, 1000-1099, 1100-1199, 1200-1299…etc., etc. Un carton précède ce bel alignement avec marqué dessus « Elite ». Al Pacino dans l’associé du diable clôture le film par « La vanité ? mon péché préféré ».
Alors mea culpa, j’avoue que très fièrement je dis à la dame « je suis peut-être dans ce carton ». Et là, pire que toute les roustes de mes amis du SMAC, la dame me toise des pieds à la tête et me dis presque agacée : « Non là Monsieur, c’est le carton des élites… »
Grand moment de solitude, ma fierté en prend un coup, manifestement, je n’ai pas du tout l’air d’une élite, mais alors pas du tout…
J’insiste un peu et la dame comprenant son erreur se résout à vérifier dans le fameux carton qui contient bien le dossard 208. Elle me le tend gentiment, en s’excusant de sa méprise, elles sont d’ailleurs maintenant 3 à s’excuser m’expliquant qu’elles ne connaissent pas toutes les élites. Je les rassure leur disant que je suis un illustre inconnu. Je repars assez heureux de ce bon moment car je me plais à penser au décalage entre la fierté avec laquelle j’avais pointé le carton des élites, et le ton condescendant de la dame genre « Non Monsieur là c’est les vrais coureurs, les gros comme vous c’est là-bas »
Sale semaine pour la famille que je vous dis.